Fruit de l’initiative d’anciens élèves en prépa littéraire à Henri-IV, ce séminaire se propose de faire découvrir leurs travaux de recherche aux hypokhâgneux et aux khâgneux du Lycée. Il s’agit, pour ces élèves qui viennent de quitter la prépa et qui ont poursuivi leurs études littéraires jusqu’au Master, de présenter leurs premiers travaux de recherche, et de se présenter devant celles et ceux qui leur succéderont dans quelques années. Ce sera l’occasion de créer un espace libre de travail et de discussion, sous forme de conférences informelles, dans une perspective interdisciplinaire.
Gregory Aschenbroich (ENS-Lyon) : « Que signifient les dieux grecs ? La vérité du mythe dans les Cours de philosophie de l’art de Hegel »
Les Cours de philosophie de l’art de Hegel portent à son comble l’ambition d’une histoire philosophique de l’art. Cette ambition rompt de manière décisive avec deux écueils de l’esthétique du 18ème siècle. Contre le paradigme normatif qui, depuis la Querelle des anciens et des modernes, pensait l’art à partir de modèles à imiter (qu’ils soient antiques ou modernes), Hegel s’efforce d’appréhender sous un même regard l’ensemble des productions artistiques de l’humanité depuis ses origines. Contre les « antiquaires » et autres collecteurs de faits artistiques, Hegel ne se contente pas de cataloguer les différentes œuvres des différentes époques, mais cherche à montrer l’infinie distance qui sépare notre rapport moderne à l’art de celui des époques antérieures et révolues.
Je voudrais montrer la fécondité et les tensions de ce double mouvement à partir d’un exemple précis : la manière dont Hegel exhibe la rationalité inhérente à la mythologie grecque.
Roxane Khodabandehlou (Université Paris I) : « Descartes et l’expérience d’autrui »
On présente souvent Descartes, à juste titre, comme celui qui thématise et pose le problème de la prise de conscience par le sujet lui-même de sa propre existence. La solution qu’il offre à ce problème l’empêche t-il de poser le problème de la possibilité de la prise de conscience par le sujet de l’existence d’autrui ?
J’aimerais d’une part montrer que même si cela apparaît de façon discrète, Descartes a tout à fait conscience du problème que pose la possibilité de l’expérience d’autrui : pour cela je proposerai une explication à nouveaux frais du célèbre texte des hommes aux chapeaux, qui suit celui sur le morceau de cire (Seconde méditation). D’autre part, je montrerai que ce problème trouve une possible résolution dans la cinquième partie du Discours de la méthode.
Toutefois, il faudra reconnaître malgré tout que le problème de la possibilité de l’expérience d’autrui intéresse assez peu Descartes : pourquoi ? Peut-être au fond parce que pour Descartes, elle fait évidence. Cette apparence d’évidence ne creuse-t-elle pas le mystère de la possibilité de reconnaître autrui ? La question reste ouverte.