500 À 1500
L’abbaye royale de Sainte-Geneviève
Histoire ou légende ?
Vers 506, Clovis, après la victoire de Vouillé sur les Wisigoths aurait jeté les fondements d’une église sur le tombeau de Sainte Geneviève, au mont qu’occupe aujourd’hui le Lycée. Il y fut enterré. Clotilde acheva la basilique (St-Pierre et Paul) après la mort de Clovis.
Les moines qui desservaient le lieu construisirent l’abbaye et s’y installèrent. Pendant plusieurs siècles, l’abbaye connut des temps difficiles, mais aussi de beaux jours au temps où y séjourna Abélard.
Le XIII ème siècle y fut prospère. Les chanoines réguliers de Saint Augustin avaient là écoles et copistes. Ils tenaient une place importante dans l’université.
On ne peut comprendre l’architecture et l’esprit du Lycée Henri-IV sans rechercher les racines de son histoire dans celles de l’abbaye Sainte-Geneviève.
1500 À 1700
Sous Louis-XIII, en 1624, le cardinal de la Rochefoucauld gouverna l’abbaye. Il la dota d’une bibliothèque (qui en quarante années atteint 8 000 volumes).
Sous Louis-XIV, l’abbaye de grand prestige servit de modèle à l’étranger.
Sous Louis-XV, l’abbaye devint ermitage princier. Outre la bibliothèque, on pouvait y trouver des antiquités, des médailles et des monnaies qui formaient le “Cabinet des Curiosités”.
Le rayonnement de l’abbaye devait se poursuivre jusqu’à la Révolution.
1700 À 1900
L’École Centrale du Panthéon
En 1790, les bâtiments étaient déclarés propriété nationale (les salles servaient parfois aux réunions populaires).
La bibliothèque déjà ouverte au public à l’époque des Génovéfains le fut plus largement encore. En 1796, les bâtiments furent utilisés pour l’instruction publique. La Convention, par la loi du 25 octobre 1795, décida la constitution d’ “Écoles Centrales” dans toute la France. La première école sur les trois ouvertes à Paris fut inaugurée le 22 octobre 1796 et prit le nom d’École Centrale du Panthéon.
Le choix de l’installation était dû au prestige intellectuel de la Montagne Sainte Geneviève, à l’ampleur de la bibliothèque de l’abbaye, de son cabinet d’histoire naturelle, de son cabinet d’instruments de sciences physiques.
La première école centrale fut inaugurée le 22 octobre 1796 dans l’ex-abbaye Sainte Geneviève et prit le nom d’ÉCOLE CENTRALE DU PANTHÉON. Mais les écoles centrales furent rapidement critiquées.
En réalité, celle du Panthéon échappait largement au discrédit qui a pu être porté sur les écoles centrales, d’une part par la qualité remarquable des savants qui y ont enseigné (Cuvier, Millin, etc…), d’autre part du fait du recrutement des élèves nettement favorisés par leur milieu social.
1900 JUSQU’À NOS JOURS
L’École Centrale du Panthéon est remplacée par le Lycée Napoléon, premier lycée de la République.
Les régimes successifs feront changer l’établissement de nom dans le courant du XIXème siècle : lycée Napoléon, collège royal Henri IV, lycée Corneille, en 1873, à nouveau lycée Napoléon, puis définitivement Lycée Henri-IV après le second Empire.
Il restera à toutes les époques le lieu de formation d’une pléiade de gens célèbres conduits par des maîtres illustres.
Du XIIIème et des XVIIème et XVIIIème siècles subsistent la plupart des bâtiments, et l’ensemble a été classé en avril 1998 » monument historique « .
Au fil des changements de régimes, l’établissement s’appela successivement
- de 1796 à 1804 École Centrale du Panthéon,
- de 1804 à 1815 Lycée Napoléon,
- de 1815 à 1848 Collège Henri IV,
- de 1848 à 1870 Lycée Napoléon,
- de 1870 à 1872 Lycée Corneille,
- de 1873… Lycée Henri IV
mais sous ses vocables divers, il fut toujours célèbre et rayonnant.
Actuellement, l’aspect du Lycée ne diffère pas sensiblement de celui qu’il avait en 1796 : une gravure de la fin du XVIIIe siècle montre qu’à quelques cheminées près, les bâtiments n’ont pas été modifiés.
Sous Louis-XIV, un architecte génovéfain, le Père Claude de Creil a été l’auteur de la plupart des bâtiments actuels du Lycée : quatre ailes rayonnant en croix autour d’une rotonde centrale de style baroque. Il a été également à l’origine d’un somptueux escalier de pierre avec des voûtes portées par d’épaisses consoles.
Sous les arcades d’un cloître de 1744, on peut voir une trace du cloître gothique.
Une modification importante s’est accomplie au début du XIXe siècle avec la création des Lycées : il y avait deux églises en 1803.
Lors de la percée de la rue Clovis et de la construction de la façade du Lycée, seule est restée l’église Saint-Etienne-du-Mont.
L’autre église a été détruite, il n’en reste que la Tour Clovis, symbole de l’ancienneté des bâtiments.
Cette tour qui donne un cachet particulier au Lycée était surmontée d’une flèche.
On peut suivre les étapes de sa construction ou reconstruction par les baies en cintre de sa base (Philippe-Auguste), les ogives du premier et du deuxième étage (XIVe siècle), le couronnement gothique flamboyant (reconstruit après 1483).
Les aménagements successifs ont préservé l’âme de cette maison prestigieuse et malgré l’adaptation indispensable des locaux aux exigences de l’enseignement moderne, on a sauvegardé un patrimoine qui attire de nombreux touristes.
Au printemps 1996 les travaux de restructuration des bâtiments ont permis la mise à jour du parement d’une chapelle du XIIIe siècle et de pierres tombales du XVIIe siècle à l’emplacement de l’ancienne chapelle de la Miséricorde entre la cour d’honneur et la cour des externes.
Lors de travaux d’aménagement en Avril 1996, la structure générale de la Chapelle de la Miséricorde (1190), oubliée depuis deux siècles, a réapparu, et des éléments d’architecture et de sculpture de teinte ocre ou bleutée, ont été retrouvés.
Le premier sondage archéologique à 90 cm de profondeur sous le sol actuel a laissé apparaître une plaque tombale d’un chanoine chancelier de l’Université et un pavage décoré du XIIIème en réemploi.
Une étude des pièces découvertes et une exploration des murs de la chapelle a permis d’identifier des éléments majeurs : clef de voûte, fragments en place de chapiteaux et colonnettes, profil des nervures des voûtes gothiques.
Deux nouvelles interventions archéologiques récentes concluent à la nécessité d’explorer totalement le sol remblayé au début du XIXème siècle lors de la création de classes pour le lycée Napoléon.